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Montrésor (Indre-et-Loire)

Le logis Renaissance (le nouveau Logis).

En 1493, Un noble du Dauphiné, Imbert de Batarnay*, rachète le château à Antoine de Villequier qui est très endetté et risque la saisie.

Imbert de Batarnay, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier, et propriétaire de Bridoré (Indre-et-Loire), entreprend la construction d'un nouveau logis à l'intérieur de l'enceinte fortifiée. Ce nouveau logis d'architecture Renaissance s'appuie sur le mur sud de l'enceinte de l'ancienne forteresse.

• Imbert de Batarnay, dit aussi Monsieur du Bouchage, du nom d'un de ses domaines dans le Dauphiné, serait né vers 1438, à Batharnay, dans la Drome.

Imbert ou Ymbert de Batarnay, seigneurt du Bouchage, conseiller de quatre rois, se trouva mêlé à de nombreux évènements, mais malheureusement, n'écrivit pas ses Mémoires (à l'inverse de son contemporain Philippe de Commynes).

Le dauphin, le futur Louis XI, alors en lutte contre son père, s'était retiré dans le Dauphiné. Il recherchait des hommes capables de le seconder. "Vers 1455, se rendant de Vienne à Romans, il remarqua un jeune damoiseau qui chassait au faucon près du château de Charmes ; admirant l'adresse déployée par l'enfant, qui n'était autre qu'Ymbert de Batarnay, le dauphin l'interrogea et l'entretint pendant quelque temps; il reconnut sans doute tout le parti qu'il pourrait tirer plus tard des nombreuses qualités d'un tel serviteur et l'attacha dès lors à sa personne". Le dauphin devenu roi (Louis XI), Ymbert de Batarnay fut au nombre des chevaliers qui l'accompagnèrent dans sa fuite, lorsque, refusant ouvertement de se soumettre aux ordres de Charles VII, il se retira auprès du duc de Bourgogne. A peine assit sur le trône, "Louis XI s'empressa de combler de faveurs, au détriment des fidèles serviteurs de son père, ceux qui n'avaient pas craint de se compromettre pour lui, et l'écuyer dauphinois fut nommé, le 6 août 1461, quinze jours seulement après la mort de Charles VII, valet de chambre du nouveau roi, garde et capitaine des places de Blaye et de Dax, en Guyenne". C'est à la même époque que Ymbert de Batarnay pris le titre de "seigneur du Bouchage". En effet, "Louis XI s'était engagé à faire passer dans les mains de son fidèle serviteur les biens de Gabriel de Roussillon, seigneur du Bouchage, de Brangues et de Morestel, qui, en 1456, avait soutenu l'autorité royale contre le dauphin rebelle. Gabriel de Roussillon, emprisonné dans un cachot du château de Beaurepaire, en Dauphine, y mourut le 27 décembre 1461." Le neveu, et héritier, de Gabriel de Roussillon, ne pu retrouver son héritage qu'en cédant celui-ci à sa fille, Georgette de Monchtenu, à condition de la donner en mariage à Ymbert de Batarnay. Ymbert obtint de Louis XI les revenus des châtellenies et mandements de Peyrins, de Beaumont et de Monteux en Dauphine ; il obtint encore l'office de visiteur des gabelles et celui de maître des ports et passages dans la sénéchaussée de Lyon. En 1464, le sire d'Estouteville, capitaine du Mont-Saint-Michel, étant mort, la garde de cette importante forteresse fut confiée à Ymbert seigneur du Bouchage. Les seigneurs spoliés réclamèrent plus d'une fois ce qu'il avait acquis, plus ou moins légitimement, mais "ce qui était entre ses mains en sortait bien difficilement, et il finissait toujours par avoir gain de cause ou par obtenir des dédommagements". Batarnay fait partie des conseillers les plus proches et influents du roi. Au même titre que Philippe de Commynes ou Jean Bourré, il est présent lors des réceptions des ambassadeurs. Comme Louis XI, Imbert de Batarnay alternait flatteries et menaces, sanctions et récompenses. Il écrit souvent des courriers à la place du roi, celui-ci se contentant de les signer. Du Bouchage servira d'intermédiaire entre le roi, malade, et tout un tas de médecins et de charlatans venus proposer leurs services. Le roi, "solitaire de Plessis-les-Tours", ne va pas tarder à mourrir (à 60 ans), le 30 août 1483, dans son château de Plessis-lez-Tours. Le successeur de Louis XI, Charles VIII, n'a que 13 ans, il est placé sous la tutelle de sa soeur aînée, Anne de France âgée de 23 ans et de son époux Pierre de Beaujeu. Sur les conseils de son père, le roi conserva la majorité du personnel royal. Imbert de Batarnay attendit quelques mois, le temps de voir la famille Beaujeu assoir son pouvoir, avant de se rallier. Le gouvernement des régents provoqua une rébellion des princes menée par Louis d'Orléans (futur Louis XII). Imbert de Batarnay prendra résolument le parti de la cours contre Louis d'Orléans, iL sut en particulier retenir les habitants d'Orléans, excités à la révolte par les conjurés. En vue de soustraire le roi à ses tuteurs, Louis d'Orléans se lance dans la Guerre Folle". Louis d'Orléans perdra la partie à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier et sera fait prisonnier. Charles VIII laissa gouverner les régents jusqu'à ce qu'il trouva cette tutelle trop lourde. Il prit le pouvoir en 1491 et son premier acte fut de libérer Louis d'Orléans, après trois années de captivité. La nature aventureuse de Charles VIII le poussa à des expéditions militaires en Italie. C'est alors qu'il envisageait une nouvelle expédition en Italie, que Charles VIII trouva une mort absurde : Il se heurta brutalement le front contre un linteau d'une porte de son château d'Amboise (Le coeur de Charles VIII a été retrouvé en 1873 sous une dalle de la collégiale de Cléry). Son fils étant mort, c'est Louis d'Orléans qui lui succéda sous le nom de Louis XII. La carrière de Batarnay n'est pas pour autant terminée, nous le retrouvons, par exemple, auprès de Louis XII, qui va reprendre possession de Gênes. Sous François Ier encore, il négociera le mariage de Charles d'Autriche avec Madame Renée de France, fille de Louis XII. Il mourut le 12 mai 1523, à Montrésor, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, laissant plusieurs petits-enfants. Il aura un peu servi le royaume et beaucoup ses intérêts.

(Voir, entre autres : Le Vavasseur Achille. Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage, conseiller des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier (1438-1523) , par Bernard de Mandrot.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1887, tome 48. pp. 455-459).