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Français : Du haut du donjon du Haut-Nideck, laissez-moi vous conter la légende Das Riesenfräulein (la géante) par Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt (dit Adalbert von Chamisso une fois passé le Rhin pendant la révolution).

Le château où jadis demeuraient les géants, En Alsace, a nom Nideck depuis fort longtemps. Il n'en reste que ruines, balayées par le vent. Des géants, nulle trace, hormis un conte d'antan. Ecoute en le récit : la fille des géants, Innocente et seule, jouait devant le portail. Poussée par l'ennui, en la vallée elle descend, Apprendre du monde d'en-bas les petits détails. Forêts et bois elle traverse à grandes enjambées. A la hauteur de Haslach, elle entre en terre d'hommes Dont les villages, clochers et champs ensemencés Ont la semblance d'un monde inconnu qui l'étonne. Intriguée, ses regards scrutent la terre à ses pieds, Elle remarque un paysan qui laboure son champ. La frêle créature fait son labeur, affairée, Le soc de sa charrue luit au soleil ardent. « Eh, petit jouet, dit-elle, chez moi je t'emporte. » Elle met genoux à terre et déplie un carré De tissu où, d'un grand geste de sa main forte, Elle dépose tout ce qui bouge et semble animé. A grands bonds joyeux, on sait comment sont les enfants, Elle revient au château et se hâte vers son père. « Eh, père, père adoré, j'ai un jouet charmant. Oh, jamais je n'en vis pareil en notre terre. » Le père était à table et goûtait du vin frais. Il eut pour sa fille un regard bienveillant : « Quelle est cette chose qui frétille dans ton tablier ? Tu ne te tiens pas de joie. Montre-la, céans. » Elle déplie le tissu et, avec attention, En extrait paysan, charrue et attelage, Qui sur la table font si belle décoration. De joie, elle frappe dans ses mains et fait grand tapage. Le père s'assombrit et secoue sa lourde tête. « Ma fille, qu'as-tu fait ? En rien, ce n'est un jouet. Un paysan ! Insensée, as-tu perdu la tête ? Où tu l'as pris, hâte-toi de le déposer. Sans délai et sans murmure, exauce mon voeu. Sais-tu, sans les paysans, tu serais sans pain. De leur labeur, les géants grandissent sous les cieux Paysan n'est pas jouet ! Dieu nous est témoin. » Le château où jadis demeuraient les géants En Alsace, a nom Nideck depuis fort longtemps. Il n'en reste que ruines, balayées par le vent. Des géants, nulle trace, hormis un conte d'antan.

Sources : Blog ayant traduit le poème (FR) && Chateauxfortsalsace (FR) && Office du tourisme régional (Multi) && Blog d'une agence de voyage (FR)