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Cette Tête de Clown est de la main du peintre expressionniste Joseph Kutter, considéré comme le fondateur de l’école luxembourgeoise moderne.

À l’issue de la Première Guerre mondiale, certains artistes luxembourgeois, qui ont fait leurs études à Munich, se détachent non seulement de l’académisme du 19e siècle, mais aussi de l’Impressionnisme. En 1927, le Salon de la Sécession devient le point de rupture avec les tenants traditionalistes du Cercle Artistique de Luxembourg (C.A.L.) créé en 1893. Kutter apparaît comme le chef de file de cette Sécession luxembourgeoise, que rejoignent aussi Jean Schaack (1895-1959), Jean Noerdinger (1895-1963), Harry Rabinger (1895-1966), Auguste Trémont (1892-1980), Claus Cito (1882-1965) et Nico Klopp (1894-1930).
De son vivant, Kutter expose notamment à Paris, aux Salons d’Automne et des Indépendants. En 1951, le Musée National d’Art Moderne et en 1986, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris organisent des rétrospectives de son œuvre.
Le sujet du clown apparaît dans la peinture de Kutter à partir de 1935, probablement suite à un spectacle dans la salle de variétés « Pôle Nord » au Luxembourg. Après la représentation, Kutter invite deux clowns à venir poser dans son atelier. Si les premières créations sont très joyeuses dans des tons chauds, plus tard - à la manière du clown triste présenté ici - les couleurs sombres prennent le dessus, exprimant les souffrances et les angoisses de l’artiste, reflétant son état d’âme, une sorte d’autoportrait. En effet, en 1936-1937, au cours du travail sur ses deux grandes compositions (Luxembourg et Clervaux) pour le pavillon du Grand-Duché de Luxembourg à l’Exposition Internationale de Paris de 1937, l’artiste tombe malade et les médecins ne réussiront ni à définir sa maladie ni à la guérir.

Avec plus de 90 œuvres, le MNHA possède la plus importante collection de cet artiste expressionniste luxembourgeois. Plus de 40 pièces proviennent du très généreux legs de Catherine Meyer-Kutter (1924-2009), la fille de l’artiste, dont cette Tête de clown.